Une mère de famille péruvienne contaminée par le virus du sida lors d’une transfusion sanguine a annoncé vendredi sa décision de porter plainte contre l’Etat du Pérou d’autant que son cas, loin d’être isolé, prend une tournure qui s’annonce délicate pour les autorités sanitaires.
"Je ne céderai pas sur ma demande judiciaire quant à une indemnisation de la part de l’Etat, celle-ci me revient de droit", a affirmé indignée et au bord des larmes, Mme Judith Rivera, une mère de famille de 44 ans, contaminée par le virus du sida lors d’une transfusion sanguine qu’elle a subi en avril dernier.
Cette femme démunie, de la banlieue nord de Lima, s’est dite déterminée à aller jusqu’au bout.
"Je vais mourir et mes trois enfants vont se retrouver sans rien", a-t-elle déclaré à la presse en implorant le président Alan Garcia de lui accorder une indemnisation.
"Je demande au ministre (de la Santé) et au président de la République : que vaut une vie ? Cela peut arriver à votre femme !", s’est-elle exclamée en prévenant les autorités qu’elle entendait bien "lutter pour son indemnisation".
Les autorités sanitaires ont placé jeudi toutes les banques de sang sous surveillance après la détection du virus du sida sur plusieurs patients, contracté dans des hôpitaux publics.
Rejetant toute responsabilité, elles lancent surtout des appels au calme devant l’ampleur que prend cette affaire dans les medias.
Selon une commission officielle réunie d’urgence, le virus du sida ne pouvait être décelé parce que le donneur, qui ignorait être porteur de la maladie, se trouvait dans une période où le virus n’était pas encore détectable.
Au cours des six derniers mois, quatre personnes ont été infectées par le virus du sida dont un bébé de onze mois et un groupe de 30 patients a contracté l’hépatite C dans un centre de dialyse de la sécurité sociale.
"Toutes les banques du sang du Pérou vont être soumises à une évaluation encore plus exhaustive que celle que nous avons déjà réalisée au début de cette année", a annoncé jeudi le ministre de la Santé, Carlos Vallejos, en précisant que 30 établissements avaient déjà été fermés.
L’affaire, qui a provoqué un début de panique au Pérou, a été dévoilée sous la pression des médias après que des autorités locales eurent tenté d’étouffer le premier cas de contamination, en juillet dernier.
"C’est lamentable que le ministère de la Santé ne possède pas un système - parce que c’est très cher et qu’il y a une politique d’austérité et d’épargne - pour vérifier le sang", s’est insurgé le doyen du collège médical du Pérou, Amador Vargas.
La presse critique le mauvais système de santé et relève depuis quelques jours les négligences à répétition des services médicaux.
En conséquence, les Péruviens ont déserté les 240 centres de transfusion du pays, contraignant le ministre de la Santé à lancer un appel pour convaincre la population de continuer à donner du sang.
Au Pérou, seulement 5% du sang provient de donneurs volontaires, 95% du sang étant fourni obligatoirement par deux ou trois proches des personnes hospitalisées.
En dernier ressort, le malade peut acheter du sang disponible auprès de l’hôpital ou recourir aux services de "vampires", des individus qui font commerce de leur sang aux alentours des établissements médicaux.
Il ne s’agit pas du premier scandale du genre au Pérou. En 2004, cinq bébés avaient été contaminés par le VIH dans une maternité de Lima.
Source: AFP, le 17 Septembre 2007