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Alice, 35ans: Je suis séropositive depuis 5 ans

Pour ce témoignage, appelez-moi Alice au pays des merveilles, parce que j’ai besoin de pouvoir rêver…

Je suis séropositive depuis 5 ans et, encore aujour- d’hui, j’ai l’impression que je ne suis plus moi-même. Etre séropositive, c’est une souffrance énorme, surtout qu’au moment de l’annonce je ne m’y attendais pas du tout. Au quotidien, je ressens comme une agressivité que je voudrais refouler. Depuis quelque temps, je prends des anti-dépresseurs et il est vrai que je me sens mieux ; ils agissent comme une sécurité.

Peut-être que pour moi, ce qui complique les choses, c’est que le virus du sida vient se greffer sur tous les autres moments compliqués de ma vie. J’ai eu un grave accident de voiture à 24 ans et j’ai dû subir plusieurs opérations ; j’ai eu une enfance très dure car ma mère m’a abandonnée à l’âge de deux ans ; je ne pourrai pas avoir d’enfant pour d’autres raisons de santé et actuellement, j’ai des soucis financiers. Dans ce contexte, pourtant, je continue à aimer la vie, à faire des activités passionnantes comme du VTT, de l’escalade, de l’équitation,… en fonction de mes moyens.

Lorsqu’on m’a annoncé ma séropositivité, mon ami était à l’hôpital ; je sais que c’est lui qui m’a transmis le virus mais je ne lui en veux pas, c’est comme ça ! Et s’il était toujours vivant aujourd’hui, je l’ai- derais encore. Lorsqu’il est décédé, ce fut un choc pour moi et il m’a fallu longtemps pour ne plus avoir l’impression de le voir partout, dans la rue, dans l’appartement,... Pendant cette période, j’étais tellement triste, désemparée, j’avais tellement peur de rester seule, d’être agressive. J’étais comme une loque, je savais à peine marcher ; j’avais un dégoût de la vie, j’avais l’impression que le ciel me tombait sur la tête. L’homme que j’aimais n’était plus là et je restais seule avec ma séropositivité.

Au début, je n’étais rassurée que lorsque j’étais proche d’un hôpital. Je pensais que s’il devait m’arriver quelque chose, je serais rapidement dans un lieu rassurant, le milieu hospitalier. Il faut dire que depuis 5 ans, j’ai la chance de ne devoir prendre aucun médicament. Je ne sais pas dans 5 ans où j’en serai, peut-être que je devrai prendre un traite- ment lourd comme la trithérapie, ce qui m’inquiète ce sont les effets secondaires.

Maintenant, les choses s’améliorent, j’ai un nouveau compagnon très attentionné, j’ai quelques amis qui connaissent mon état, j’ai les bénévoles d’une asso- ciation qui me soutiennent dans mes démarches administratives ou simplement qui viennent pour discuter ; la vie continue même si parfois je me demande pourquoi c’est tombé sur moi.

Auteur: Alice, le 21 Novembre 2002