Ma séropositivité n’est pas liée à la prison: j’ai été contaminé et dépisté bien avant d’être incarcéré.
J’ai également commencé mon traitement en dehors du système carcéral.
Depuis mon incarcération, j’ai connu plusieurs établissements pénitentiaires.
Quand je suis entré en prison, j’ai d’emblée prévenu le service médical de mon état sérologique. Un dépistage a été réalisé et une prise en charge envisagée dans la foulée des résultats.
Dans l’établissement pénitentiaire où je suis actuellement, je reçois mes médicaments en cellule, je fais une prise de sang tous les 3 mois et le suivi se fait ici, en interne. Mais dans un autre établissement, je devais aller à l’infirmerie pour prendre mon traitement et pour les analyses et le suivi, on me transférait dans un autre établissement où il y avait un plus gros service médical.
Dans l’ensemble, je suis assez satisfait du suivi en prison, à part le fait que pour voir le médecin (notamment pour obtenir les résultats), je dois faire une demande, c’est fort administratif, ça prend du temps et en plus je ne sais pas sur quel médecin je vais tomber. Or, pour tout ce qui concerne ma séropositivité, je suis plus à l’aise avec un médecin précis.
Dehors, j’étais suivi par le même médecin, c’était plus facile.Ici en prison, je ne parle pas de ma séropositivité, je reste très discret, je laisse tous les papiers à l’infirmerie, rien dans ma cellule. Ici, les gens font vite des allusions, ils sont indiscrets et tout se sait très rapidement. Et si ça se sait, les gens peuvent mettre la pression pour me faire changer de section ou même de prison. Je me méfie des autres détenus et des membres du personnel.
J’ai déjà eu un problème avec un autre détenu qui a cherché à savoir ce que j’avais comme problème de santé, en fouillant dans ma cellule. C’était très grave, je me suis plaint à la direction qui m’a soutenu et fait en sorte que je n’ai aucun problème. Mais, depuis, j’ai tout de même l’impression que les gens font des allusions aux infections sexuellement transmissibles juste quand je suis là, qu’on me lance des vannes. Le détenu en question a peut-être eu le temps de dire des choses… je trouve qu’en prison il n’y a pas de copains.
Auteur: Benoit • le 1 décembre 2007