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J'ai grandi avec le sida

Ils ont 20 ans et sont séropositifs depuis l'enfance: contaminés au début de la pandémie, sauvés par les nouveaux traitements, ils mènent désormais la vie de tous les jeunes Français. Entre révolte et espoir, trois d'entre eux témoignent pour la première fois

La première génération des enfants du sida est arrivée à l'âge adulte. Sans tapage. Préoccupée, avant tout, de se fondre dans la foule. Ces jeunes gens sont nés contaminés dans les premières années de l'épidémie, à l'époque où la médecine commençait tout juste à chercher la parade. En 1983, le virus était identifié. Mais, aux yeux de tous, ces enfants étaient condamnés. Rares étaient les parents qui osaient faire, avec eux, des projets d'avenir. Les gamins ont poussé malgré tout, tantôt à l'école, tantôt à l'hôpital. A l'âge où l'on s'entend dire que ce n'est pas beau de mentir, eux apprenaient à cacher leur séropositivité comme un secret honteux. Les médecins qui les suivaient remplissaient leur carnet de santé au crayon à papier. Ainsi, les parents pouvaient gommer tout ce qui risquait de trahir leur pathologie.

A l'adolescence, leur horizon s'est dégagé d'un seul coup. Avec l'arrivée des trithérapies, en 1996, le sida n'était plus mortel. Il devenait une maladie chronique. Les médecins découvraient, avec les premiers émois de cette génération pionnière, que les médicaments n'empêchent pas de vivre une puberté normale. Aujourd'hui, parmi les patients suivis dans les principaux centres pédiatriques en France, 54 sont majeurs. Ils ont choisi un métier ou continuent leurs études, vivent des amours faciles ou difficiles. Plusieurs jeunes femmes sont déjà mères d'un enfant. A l'occasion de la Journée mondiale du sida, le 1er décembre, trois de ces miraculés, contactés via l'hôpital Trousseau, à Paris, ont accepté pour la première fois de témoigner, sans toutefois dévoiler leur identité. Dans l'espoir de lever le tabou sur leur maladie, et de ne plus avoir à s'en cacher.

Voici - les témoignages:

Franck, 24 ans, étudiant - j'ai craqué

Bibiche, 21 ans, mère de famille

Etienne, 20 ans, étudiant - le sida fait moins peur

Auteur: Estelle Saget / l'express • 29.11.2004